Alimentation des bovins Prairies temporairies, betteraves et sorgho : des leviers face à la sécheresse
Une ration à base d’herbe peut permettre d’être plus résilient face aux risques de sécheresse et fortes chaleurs, notamment en agriculture biologique ! Des betteraves fourragères produites sur l’exploitation ainsi que le sorgho constituent un bon complément.
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Face aux fortes chaleurs et risques de sécheresse estivale, il est souhaitable de faire évoluer la ration des vaches. La résilience du système pourrait bien passer par le développement des prairies temporaires. La betterave et le sorgho constituent des alternatives intéressantes pour compléter une ration d’herbe.
C’est ce qu’a développé Caroline Tostain, conseillère bio de la chambre d’agriculture de Normandie, lors d’une conférence au Sima. Elle s’appuyait notamment sur un guide complet sur la sécurité et l’autonomie fourragère que viennent d’éditer les chambres d’agriculture.
Bien réussir ses prairies temporaires
La principale condition de réussite d’une prairie temporaire, c’est le choix des espèces et des variétés. L’implantation doit être soignée, il est conseillé de semer sous couvert. On évalue le coût moyen de l’implantation à environ 250 €/ha. « Idéalement, pour qu’il y ait une rentabilité économique, il faut que la prairie dure au moins 5 ans, suggère l’ingénieure agronome de la chambre d’agriculture. Ce sont des prairies qui vont stocker du carbone. »
Pour ménager sa prairie, il est souhaitable d’alterner les modes d’exploitation (fauche et pâture) ou faire varier les périodes d’exploitation quand c’est possible. « Il est bien qu’une parcelle dédiée à la pâture soit fauchée au moins une fois par an et vice versa. » La fauche permet d’uniformiser la hauteur de coupe, remettre les espèces à égalité. Pour les prairies généralement fauchées mécaniquement, faire pâturer occasionnellement permet un apport de fertilisant. L’épandage d’un lisier n’est pertinent que juste après le pâturage.
Ménager sa prairie, c’est aussi éviter le tassement. « Récupérer de la porosité après un tassement, c’est compliqué, cela prend du temps ». Attention au pâturage hivernal, si le sol est trop humide, ne laisser les vaches que deux heures seulement.
Les innombrables atouts de la betterave fourragère
Si la base de l’alimentation des vaches est constituée de l’herbe de ces prairies temporaires, la betterave fourragère permet d’équilibrer la ration de foin et d’enrubannage, l’hiver.
D’un point de vue agronomique, c’est une plante « hyper intéressante dans les systèmes herbagers », remarque Caroline Tostain. Elle est adaptée à de nombreux types de sols à condition qu’ils ne soient pas trop caillouteux, elle est tolérante à la sécheresse et le rendement est à la fois régulier et plutôt élevé en bio, d’une année sur l’autre. Par ailleurs, sa grosse racine permet de décompacter et structurer le sol. C’est aussi un piège à nitrates.
Avantages | Inconvénients |
Riche en énergie et minéraux Appétence Digestibilité Peut être pâturée l'été | Prix des semences et coût d'implantation (1000 €/ha) Temps de travail (préparation du sol, désherbage) Risque d'acidose, laxatif (ne pas dépasser 4 kg/MSI/j pour les vaches laitières) Les betteraves doivent être propres dans la ration (butyriques) |
Le sorgho pour la sécurité en cas de sécheresse
« À mon sens, le sorgho c’est vraiment un plan B, c’est la dernière plante que l’on pourra semer si on a raté son maïs », juge Caroline Tostain. Grâce à son système racinaire très développé, cette plante originaire du Sahel résiste bien aux températures élevées (40°C) et peut supporter plus longtemps un manque d’eau que le maïs. C’est là l’un de ses principaux atouts. Le sorgho a toutefois besoin d’eau au démarrage. La qualité du fourrage dépend beaucoup de la récolte, qui doit absolument être faite avant l’épiaison.
Il existe de nombreuses variétés de sorgho, mais globalement, hormis les variétés à grains, c’est une plante qui a peu d’amidon. « On peut l’utiliser avec de l’herbe, mais il y aura besoin d’une source d’énergie à côté, de la betterave ou des céréales, met en garde Caroline Tostain. Le sorgho apporte de la fibre, c’est très bien si on manque de foin ou d’enrubannage. » Plus les besoins des animaux sont importants, plus la part de sorgho dans l’alimentation devra être réduite.
Si la ration est constituée essentiellement d’herbe, il vaut mieux avoir une variété riche en grain (et donc en amidon). Si la ration contient déjà pas mal de maïs, le choix doit être inverse. « Si les vaches produisent moins de lait en remplaçant le maïs par le sorgho, c’est normal ! », insiste la conseillère en agriculture biologique.
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